Interview de Pierre POTHRON

 

 

« Vous prédestiniez-vous à devenir un artiste peintre ? »

Mr Pothron en plein travail

 
« Non, pas vraiment. Petit garçon j’étais discret, rêveur, très inventif et pas particulièrement bon élève. Toutefois, je suis ce que l’on pourrait appeler « une innocente plaisanterie de la nature ». Á ma naissance, en 1941, dans la Somme, personne n’a rien remarqué. Et puis, les bizarreries sont apparues : un médecin a pris mon foie pour la rate, un autre n’a pas su trouver mon coeur… Pas étonnant : en quelque sorte, je suis fait à l’envers, tous les organes sont inversés. Je ne me plains pas : « mon » situs inversus est harmonieux ! C’est peut-être à cause de cela que j’ai un énorme besoin d’expression, je veux traduire dans mon propre langage le monde qui me cerne et me rappelle ma discrète étrangeté. La peinture sera ma façon de m’approprier la réalité. Alors je commence à peindre en 1963, au retour du service militaire. J’ai mon opinion sur la peinture : ce n’est pas une représentation fidèle, une plate description, mais une construction de formes et de couleurs qui évoque une atmosphère. Je veux faire une peinture suggestive, où apparaîtrait l’essence même du sujet. Et ce serait surtout le reflet du peintre à un moment de sa vie. Voilà de belles ambitions, mais comment faire quand on n’a qu’une formation de métallo ? En guise de Beaux-Arts, je suis des cours par correspondance ! Et succède la chance d’une rencontre : Lucien Langlet, un peintre de Bapaume, qui avait un métier extraordinaire. Il m’encourage à travailler, à travailler encore, me rappelant sans cesse : la peinture, c’est 20 % de don et le reste de travail. »

 

 

« Quelles sont les influences de vos peintures ? »

 

Rue Nicolas Appert : 2015 81 X 65 Cm ©

 

« Dès le début, mes oeuvres sont très marquées par les expressionnistes en particulier Munch puis Van Gogh, Modigliani. Mais dans les cours que je vais suivre je vais devoir m’astreindre à faire du figuratif. Le grand tournant vient en 1973 où je trouve ma montagne Sainte-Victoire : c’est un petit bourg de l’Aisne, à flanc de colline, Lesquielles-Saint-Germain, le village de mes grands parents maternels. Je m’y installe sans savoir que Matisse y résida quelques mois en 1903.

 

Á Lesquielles, ma peinture se libère, j’abandonne le travail sur le motif : je m’imprègne de mille paysages familiers, de mille visages, d’événements … et le motif qui a touché ma sensibilité ressurgit vigoureusement sur la toile, débarrassé de ses masques conventionnels. »

 

 

« Comment définissiez-vous votre art et votre manière de travailler ? »

 

« Je suis un peintre émotionnel. Je suis incapable de travailler sur commande, incapable de refaire la même toile. Il m’est arrivé de travailler par thème : le travail, la musique, des événements tels que le carnaval de Dunkerque ou sur des courses cyclistes mais chaque toile est différente. Depuis plusieurs années j’ai abandonné le travail thématique. »

 

 

« Dans votre biographie vous dites vous inspirer des paysages du Nord de la France, qu’y puisez-vous ? »

Ami entends-tu ? : 2014 38 X 46 Cm ©

 

« Un ciel limpide ne m’inspire pas. J’aime le vent avec un ciel bas très chargé, cela me renferme sur moi même, qu’avec un ciel serein je manque de concentration. Mais mes inspirations peuvent être très variées : événement d’actualité, document historique vu ou entendu dans les média, aperçu de personnage, paysage, environnement marin saisissant, mon vécu personnel… »

 

 

« Quelles techniques utilisez-vous ? »

 

« Je travaille toujours sur toile. Je commence avec de l’acrylique dans une peinture très gestuelle sans m’occuper du sujet, plus pour évacuer une énergie. Ensuite je colle des matériaux à l’aide de produit acrylique : des textiles de toutes sortes que je triture, arrache, et que je recouvre partiellement ou en totalité avec du sable ou de la sciure mélangés à un liant. Après séchage je continue de travailler à la couleur acrylique pour enfin utiliser l’huile au pinceau ou au couteau. »

 

 

 

A l'assaut : 2014 100 X 100 Cm ©

 Á travers vos peintures, que recherchez-vous ? »

 

«Je pense témoigner de mon époque par des tranches de vie que sont mes toiles. Mon langage pictural traduit mon humeur, mes émotions, une musique interne pour les yeux, mais je laisse toujours libre cours au « regardeur » d’y voir ce qu’il veut. » 

 

 

« Quelle est votre définition personnelle d’un artiste peintre ? »

 

« Un artiste est avant tout un créateur. Actuellement le nom artiste peintre a disparu du langage contemporain, on dit artiste plasticien car il peut effectuer des installations ou des performances. Effectivement c’est de la création, pour ma part, je reste artiste peintre car j’estime que l’art a toujours été le reflet d’une société, un témoignage, je veux que mon travail puisse perdurer. Vision probablement utopique puisque actuellement tout est jetable. »

 

 

« Où pouvons-nous rencontrer vos oeuvres ? »

 

« Mon atelier-expo est situé au 246 Familistère aile droite à Guise. Il y a au moins 150 toiles. J’y suis tous les dimanches après-midi, l’entrée est libre, ou sur rendez-vous en me téléphonant au 03 23 61 02 92. J’y suis également tous les matins mais pour peindre.Et sur mon site Internet http://www.pothron.com. Des peintures figurant sur le site peuvent se trouver en stock à mon domicile. »

 

 

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